Le style floral Kara Memi, appelé aussi style des "quatre fleurs", est un courant artistique des célèbres céramiques d'Iznik. Il se caractérise par sa profusion de fleurs et de couleurs.

Origines du style Kara Memi

Lors de notre précédent article, nous avions évoqué le style saz développé sous l'impulsion de l'artiste Shah Quli. Le présent article traite du style créé par Kara Memi, qui n'était autre que le disciple principal de Shah Quli. Comme son maître, il devint à sont tour responsable des ateliers impériaux du Nakkash Hane au début de la deuxième moitié du XVIe siècle. Ces ateliers établissaient les codes artistiques majeurs, que reprenaient ensuite plus ou moins fidèlement les artisans et notamment les potiers. En effet, Kara Memi, en tant qu'enlumineur, illustrait principalement des livres de poésie ou le Coran, mais ses choix et préférences se diffusaient également sur les carreaux de céramique destinés au palais ou mosquées, et sur les faïences telles que plats, bols, vases décoratifs...

Contrairement à son prédécesseur qui était originaire d'Iran, Kara Memi est un "pur produit" de l'empire ottoman, ce qui va se retrouver dans le style qu'il introduit à la fin du règne du sultan Süleyman le Magnifique et qui va perdurer pendant ceux de son fils Selim II et son petit fils Murad III.

Caractéristiques du style Kara Memi

Le style Kara Memi est plus naturaliste que le style saz et typiquement ottoman. Il est aussi appelé style des "quatre fleurs" parce qu'il fait souvent appel à la tulipe, la jacinthe, la rose et l'oeillet. Mais d'autres motifs floraux sont utilisés, notamment la fleur de prunier (que l'on retrouver d'ailleurs sur les porcelaines chinoises). Les quatre fleurs sont fréquemment disposées en gerbes, tandis que de petites fleurs de prunus servent à combler les vides entre les fleurs principales.

Le style Kara Memi se caractérise également par l'utilisation de nouvelles couleurs qui ont grandement participé au succès des céramiques d'Iznik : le rouge tomate et le vert émeraude. Le vert émeraude est un vert très pur utilisé pour les feuilles de fleur. Le rouge tomate vif présente un léger relief en raison de l'épaisseur des pigments. Il colore à merveille les pétales de tulipe ou d'oeillet.

Ce style a été très vite adopté par les maîtres potiers et les décorateurs car il présentent peu de contrainte au niveau du dessin et s'adapte donc plus facilement sur des objets divers : bols décoratifs, plats avec ou sans marli, jarre, vase... et bien sûr carreaux. Ce style sera représente l'apogée des céramiques d'Iznik. Il sera ensuite beaucoup repris, mélangé selon l'inspiration des décorateurs, et même copiés par des ateliers étrangers, italiens notamment.

Symbolique

A ces fleurs sont souvent associées des symboliques religieuses. Tout d'abord, leur profusion serait une évocation de la richesse et de l'abondance du paradis céleste. Les sultans ottomans étaient ainsi très friands de fleurs et possédaient de très beaux jardins. Par ailleurs, le mot tulipe, lale en turc serait un acronyme d'Allah, et par extension cette fleur en serait devenue sa représentation.

Quelques exemples de réalisation

Bibliographie

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter :

• "Iznik - La poterie en Turquie Ottomane" par Nurhan Atasoy et Julian Raby aux éditions Chêne
• "Iznik - La céramique turque et l'art ottoman" par Walter B. Denny aux éditions Citadelles & Mazenod
• Wikipedia : Iznik Pottery
• Site du Musée du Louvre